Séjour dans la "Haute" (du 27 novembre au 5 décembre)
Une manip "Haute" en couleurs et en rencontres, pendant 8 jours pour la deuxième manip de ma mission à Kerguelen.
L’île Haute, haut lieu du « fistage » de terrier de pétrels à menton blanc et pétrel de Kerguelen. Il n’y a malheureusement pas d’autre mot collant mieux avec la situation. Une manip de 8 jours qui promet bien des surprises !
Le but est de fouiller un échantillon de terriers suivis depuis plusieurs années, et localisés avec point GPS et poteaux colorés. Pour chaque terrier, on indique si le terrier est occupé, et si oui est-ce que l’individu à l’intérieur est bagué. Dans le cas contraire, on bague l’individu afin d’en connaitre plus sur la démographie à long terme de ces oiseaux fortement menacés par l’industrie de la pêche (lignes de traine, palangre...). Il s’agit ici du premier passage de la saison de reproduction : les individus sont au stade de couvaison de leur unique œuf. Le but étant de suivre le cycle dans son ensemble, de la ponte à l’envol du poussin, afin d’avoir une idée de l’évolution du succès reproducteur dans le temps.
Pour les pétrels de Kerguelen, il s’agit d’une démographie simplifiée : on fouille un échantillon de 100 terriers, et on indique s’il y a un individu sur œuf, ou un poussin selon le passage effectué. Ici, il s’agit du second passage, on dénombre les poussins présents dans les nids. Le cycle est aussi suivi dans son ensemble, mais on ne bague pas les individus.
Pour cette manip sur île, on prend le chaland, fidèle navire (à fond plat !) de Port-aux-Français.
Vue de l’arrière du chaland, sous le soleil australe.
Environ 1h40 de traversée, pendant
laquelle j’effectue un transect GPS afin de noter les éventuelles rencontres
avec les dauphins de Commerson (Cephalorynchus
commersonii kerguelensis). Ces données couplées avec la photo-identification et de la bioacoustique
permettent de connaître la période de fréquentation du Golf du Morbihan par
cette espèce, mais aussi d’estimer le nombre d’individus formant la petite
population de l’archipel de Kerguelen (estimée à quelques centaines d’individus
tout au plus).
Arrivé sur Haute, la première tâche est de dénombrer les colonies de cormorans et de sternes de Kerguelen de l’île. Cela prendra environ 2 jours.
Cormoran de Kerguelen, en plumage nuptial
Puis, à l’attaque ! Les terriers des deux espèces de pétrels sont répartis sur tout le tour de l’île qui est tout de même de bonne taille. Il faudra 4 jours pour tout faire.
Pour fouiller les terriers, on utilise un burrowscope : un boitier jaune avec un écran est connecté sans fil à un cordon équipé d’une lumière au bout. On insère le cordon dans le terrier et à l’aide de la caméra, on se faufile dans le terrier à la recherche de la chambre de couvaison de l’individu.
Tout était terminé 3 jours avant de partir, une tempête était annoncée alors il valait mieux avoir tout fini avant son arrivée. A Kerguelen, le temps est constamment instable même en été, mais le mauvais temps ne dure jamais longtemps. C’est juste que quand ça pète tu te prends 140 km/h de vent dans la figure...
Juste avant la tempête, j’ai eu le temps de sortir prendre
quelques photos devant la cabane.
Le calme avant le un peu plus moins calme
Haute, c’est aussi son cadre sonore, avec les petits pétrels qui nichent sous la cabane et qui chantent la nuit, mais surtout : son gang de Chionis qui décide de faire la course chaque matin à 4h sur le toit de la cabane, pour le plus grand bonheur de ses occupants !
Bien au chaud dans la cabane, nous avons attendu que la tempête passe.
D’un coup ça donne moins envie...
Le dernier jour, nous avons pu sortir quelques heures ce qui donna lieu à de nouvelles obs !
Une manip de folie en compagnie d’Hichem et Célia, on a fait du bon boulot et on s’est bien marré. Décidément cette passation se déroule sous les meilleurs auspices.
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